À quel endroit déposer vos OKR ?

Auteur : Rick Klau

Quand les équipes envisagent de mettre en œuvre des OKR pour la première fois, une question inévitable est : "Quel outil devrions-nous utiliser ?" Ma réponse est la même que celle que Ken Norton fournit aux personnes qui lui demandent quel outil elles devraient utiliser pour établir des feuilles de route, un wireframing, ou même des OKR :

Les gens sont souvent déçus de mes réponses, qui se résument généralement à "ce que votre équipe utilise déjà" et "Google Docs".

Lors de la mise en place initiale des OKR, il est rare qu’un outil existant soit déjà en place. Les équipes partent de zéro et visent à mettre en œuvre le cadre. Elles considèrent souvent que si en parallèle elles choisissent un outil, cela les aiderait à y arriver plus rapidement. Mais en réalité si vous cherchez à utiliser les OKR pour résoudre un problème (tel que “Comment aligner les équipes sur un ensemble commun d'objectifs ?") et que vous vous essayez également de déployer un outil, vous allez être confronté à deux problèmes en même temps : apprendre les OKR et apprendre à utiliser ce nouvel outil.

Voilà pourquoi je pense que Ken a raison.  Au début, restez simple et travaillez avec ce que vous connaissez. Si votre équipe est déjà familiarisée avec Google Docs, n’hésitez pas à utiliser le modèle donné par  Niket ici pour démarrer avec les OKR.  Les utilisateurs de Notion pourront trouver ce modèle utile.  Les utilisateurs de Coda apprendront beaucoup du kit OKR que l'équipe de Coda a elle-même partagé. (Voir en fin d’article pour une liste d’outils spécifiques aux OKR).

J'ajouterais un complément à la règle de Ken : quel que soit votre choix, assurez-vous que tout figure à un seul et même endroit.

L'une des premières entreprises que j'ai coachées pour la mise en œuvre des OKR était très enthousiaste à l'idée de partager avec moi sa première ébauche des OKR afin que je l'analyse.  Le PDG est venu à mon bureau avec six de ses collaborateurs et tout le monde s’est mis à ouvrir son ordinateur portable. (En y repensant, c'était déjà le premier signe que quelque chose ne tournait pas rond).

Le PDG a commencé par nous faire part des objectifs qu'il proposait pour l'entreprise, puis il a débranché le câble le reliant au projecteur pour le donner à son VP Produit, qui s’est mis ensuite à partager les OKR de l'équipe produit. 

Quel était le problème ?  Une fois que le PDG a eu fini de faire sa présentation, les OKR de l'équipe produit se trouvaient dans un fichier Excel, la partie marketing dans des Google Slides, la partie ingénierie résidait dans Asana.  Il y avait sept présentateurs et sept endroits différents pour accéder aux OKR.

Dans un numéro récent de Vanity Fair, Gabriel Sherman présente le profil fascinant, presque trop beau pour être vrai, du chef cuisinier mafieux David Ruggerio. L'article entier vaut la peine d'être lu (il est fort probable que cette histoire soit portée un jour sur grand écran), mais en écrivant cet article, je n'ai pas arrêté de penser à cette déclaration qui est une véritable pépite :

Mais [Le Chantilly] était toujours en faillite. Ruggerio a déclaré avoir comploté avec Moneypenny, décédée en 2007, pour truquer la vente aux enchères et acheter le restaurant pour 100 000 dollars. "Rien que la cave contenait du vin d’une valeur totale d'un demi-million de dollars", a déclaré M. Ruggerio. Le plan était simple, selon Ruggerio. Légalement, Moneypenny devait annoncer la vente aux enchères dans un journal. Il l'a donc annoncée dans le Staten Island Pennysaver, où peu d'acheteurs la verraient. Cependant, un jour avant la clôture de la vente, Ruggerio a appris qu'un type du quartier de l’habillement avait offert 150 000 $. Ruggerio dit avoir envoyé trois "amis" pour raisonner l'enchérisseur. Ruggerio a obtenu le restaurant.

Techniquement, l'annonce de la vente aux enchères de la faillite du Chantilly était publique. Mais en réalité peu de prétendants majeurs à la nouvelle cuisine parcouraient les pages du Staten Island Pennysaver à la recherche de leur prochain restaurant. C’était comme si l'avis "public" était inexistant.

Ça ressemble à mon anecdote l’entreprise.  Lorsque j'ai demandé aux dirigeants à quel endroit se trouvaient leurs OKR, ils n’ont pas hésité.  Ils m'avaient écouté lors de notre première réunion et étaient heureux de me présenter le fait que les OKR de chaque équipe étaient visibles par tous dans l'entreprise. "Comme tu l'as dit, Rick !"  Mais est-ce qu’on pouvait les trouver ?  Et les utiliser ? Pas vraiment.

Je me souviens de la première semaine où j'ai rejoint Google en 2007 : J'ai reçu mon ordinateur portable, mon badge et l'accès au réseau de l'entreprise. Je suis resté bouche bée quand j’ai réalisé à quel point j'avais accès aux rouages internes de Google. Le plus utile, et de loin, était l'accès aux OKR des trimestres précédents, pour l'ensemble de l'entreprise. Je pouvais cliquer d'une année à l'autre, d'un trimestre à l'autre, d'une équipe à l'autre, tout ça en un seul endroit. J'ai compris comment Google concevait ses objectifs, comment il découpait son travail, comment il s'évaluait en fonction des résultats (réussis ou non). J'ai vu comment Google se percevait, j'ai appris ce que signifiait fixer des objectifs chez Google et, au fil du temps, j'ai appris à ajuster mon travail en fonction du travail en cours dans le reste de l'entreprise.

Cela a été possible parce que les OKR se trouvaient à un seul endroit. Si vous obligez vos équipes à chercher l'information, même si elle est techniquement publique, vous limitez le nombre de personnes qui, dans l'entreprise, parcourront le travail en cours ou feront la navigation historique que j'ai faite quand j'ai rejoint Google. Cela va à l'encontre de l'objectif de rendre les OKR publics et signifie que vous ne pourrez pas profiter de la valeur ajoutée des OKR au fil du temps, car les OKR créent et captent la mémoire de l’institution.

Ceci n'est d'ailleurs pas une critique des outils spécifiques aux OKR. J'ai créé, il y a quelques années, une liste des outils OKR sur Product Hunt, et je l'ai complétée au fur et à mesure que j'ai appris l'existence de nouveaux outils. Un certain nombre de clients très satisfaits m'ont fait part de l'utilité de ces outils. Je ne doute donc pas qu'ils puissent apporter une valeur ajoutée - et qu'ils le fassent. Et lorsqu'ils sont bien utilisés, ils permettent également de résoudre le problème de ce post : s'assurer que les OKR de l'organisation se trouvent tous au même endroit.


Publié en français avec l’aimable autorisation de Rick Klau.
L’article original est également accessible en anglais.

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